
A Rennes, au cinéma L’Arvor, 200 personnes (acteurs de l’emploi, institutionnels, professionnels de la santé mentale, mais également étudiants et citoyens) ont participé à la diffusion en avant-première du documentaire “Soyons Fous”, à l’occasion du lancement breton de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH) le 17 novembre dernier.
Cet événement a bénéficié du soutien du PRITH, dont les pilotes étaient présents le jour J pour échanger plus spécifiquement sur les enjeux de la santé mentale pour l’insertion des travailleurs handicapés.
Ludivine Lemarchand, référente du PRITH au sein de la DREETS Bretagne, a rappelé en introduction que « la santé mentale est la grande cause nationale de 2025 », avant que Quentin Alligand, délégué régional de l’Agefiph Bretagne, souligne qu’un des objectifs essentiels de la SEEPH est d’« amener employeurs et salariés à dépasser les représentations pour se concentrer d’abord sur les compétences ». Il a présenté plusieurs projets et dispositifs en faveur de l’insertion des travailleurs porteurs de troubles psychiques, notamment le projet territorial de santé mentale (PTSM), le dispositif PEM’s en Ille-et-Vilaine ou encore le dispositif Lumilab. Laurent Felix, directeur territorial du FIPHFP Bretagne, a quant à lui affirmé que la santé mentale s’impose comme un thème prioritaire au niveau national, mais aussi régional, sur lequel les employeurs publics tout comme privés sont invités à se pencher. Luc Boisseau, administrateur de Santé Mentale France, l’un des co-organisateurs de la tournée régionale de diffusion du documentaire, dans laquelle s’inscrit l’événement de Rennes, a démontré que « le rétablissement complet des personnes présentant un handicap psychique passe par l’accès au logement et à l’emploi ». Pour lui, l’enjeu majeur reste de lutter contre les stéréotypes : « maladie mentale rime encore trop souvent avec psychiatrie et danger », d’où la nécessité « d’éduquer les gens pour faire évoluer les mentalités ». Le cinéma, qui permet une approche plus ouverte et efficace pour toucher un large public, peut constituer un bon outil de sensibilisation.
Après les temps d’introduction portés par les organisateurs et partenaires, les spectateurs ont pu suivre avec la projection du documentaire, la création d’un court métrage réalisé et joué par une équipe de personnes vivant avec un trouble psychique, aidée par de grands talents du cinéma. L’objectif de la réalisatrice du court métrage, Mattea, est simple : « aller à l’encontre du stéréotype "les fous font de la folie"».
En dévoilant la complexité du rétablissement, mais aussi les bénéfices de l’engagement artistique, « Soyons Fous » met en lumière les réalités des membres de l’équipe vivant avec des troubles psychiques variés, loin des idées reçues. Ainsi, l’un des protagonistes du film explique « Les gens disent parfois que quand on a traversé la folie, on a un peu compris le monde, mais moi je m’en serais bien passé ».
Après le film, les spectateurs ont pu partager leurs ressentis, expériences et remerciements au réalisateur Quentin Perez, à l’acteur Noël Thulin-Merlin, ainsi qu’aux autres membres de la table ronde animée par Luc Boisseau, de l’association Santé Mentale France, Rodrigues Berhault, psychologue, François Heissat, adjoint délégué Unafam régional et Caroline Bee, pair-aidante.
«On ne parle pas d’une maladie, ni d’une pathologie ou d’un diagnostic. On rencontre une personne, un humain, dans sa singularité absolue.»
«Ce documentaire montre la complexité de ces pathologies qui ne s’expliquent pas toujours et il est rare d’avoir des témoignages de personnes qui ne se comprennent pas elles-mêmes.»
Cette soirée a marqué le début d’une semaine engagée rappelant que la santé mentale n’est pas un thème anecdotique, mais un enjeu sociétal fort. Le documentaire en avant-première dans 5 autres villes de Bretagne sera bientôt diffusé plus largement (https://santementalefrance.fr/cpt_actualites/participation-cine-debat-sante-mentale-france-bretagne/).
Du côté du PRITH, un groupe de travail régional sera prochainement lancé afin de déterminer les besoins et les actions à mettre en place sur le territoire, notamment auprès des employeurs, concernant l’insertion des personnes vivant avec un handicap psychique.
